Les premières fois où j’ai regardé avec attention la
programmation de la 40ème Edition du Nancy Jazz pulsations, je dois bien avouer que ce n’est pas la
présence de Misteur Valaire qui m’a le plus sauté aux yeux.
En revanche, comme chaque année, j’avais marqué d’une pierre
blanche la soirée Electro proposée par le festival et heureux hasard cette
année, le quintet canadien fait partie de la programmation en compagnie de Sexy
Sushi, Miss Kittin et la nouvelle star de la musique électronique Rone.
D’un naturel curieux, je m’empresse de découvrir la musique
du groupe avec Bellevue leur nouvel album.
Ce dernier est composé de 12 titres efficaces et instantanés oscillant
entre funk, hip hop, Jazz, pop et bande originale de films. Un melting pop
musical taillé pour la scène le titre « Don’t get là » en porte
drapeau.
Je décide de prendre contact avec Luis Clavis, chanteur et
multi instrumentiste du groupe afin de
faire connaissance et d’en savoir un peu plus sur le quintet québecois.
Electophone : Misteur
Valaire, bien que venant d’outre atlantique, vous écrivez votre nom d’une
manière très française, pourquoi ?
Misteur Valaire : L’histoire autour de notre nom est un
peu longue à raconter. En quelques mots, c’est en rapport avec un ami mexicain
qui voulait qu’on l’appelle Carl Valaire et on lui a volé son nom. Le mot « Misteur »
quand à lui avant d’être français et surtout très québecois. Au canada c’est
comme cela qu’on le prononce c’est donc comme cela qu’on a voulu l’écrire.
E : En quatre
albums, vous êtes passé d’une musique plutôt Free jazz à un registre electropop.
Comment s’est opéré ce changement ?
MV : Quand on a créé Misteur Valaire, on était à
l’école secondaire, (le Lycée nldr) et à cette époque on étudiait le jazz. Il
était donc naturel que ce style musical
se retrouve dans notre musique. Ensuite on s’est mis à découvrir d’autres sons
et notre spectre d’influences s’est élargi. On aime beaucoup le hip hop et la
funk. On s’est équipé d’instruments qui permettent d’en faire et on a commencé
à intégrer tout cela à notre musique.
E : Bellevue est
votre 4ème album en à peine 8 ans, vous êtes un groupe plutôt prolifique.
MV : Effectivement, Mr Brian, l’album précédent
datait déjà de 3 ans et on avait vraiment hâte de sortir quelques choses de
nouveau avec Misteur Valaire. Entre temps nous avons sorti le premier album de
notre side project « Qualité motel ». On a la chance d’avoir notre
propre studio et on essaye de rester
toujours actif. On s’y retrouve d’ailleurs très souvent pour enregistrer de
nouvelles chansons.
MV : Avec Bellevue on a un peu changé notre façon de
travailler. On souhaitait un album plus épuré musicalement tout en gardant à
l’esprit l’envie de faire une musique efficace.
On s’est enfermé dans un chalet pendant deux semaines. On passait
notre temps soit à jouer au hockey soit à composer. Nous sommes très démocratiques
dans notre façon de travailler et personne n’a plus de poids qu’un autre. Le
matin, on s’impose une tonalité et un tempo précis et durant toute la journée
chaque membre du groupe travaille de son côté, le casque vissé sur la tête. Une
fois la nuit tombée, on se regroupe, on boit des bières et on réarrange tout ce
qui a été fait dans la journée. Une bonne partie des morceaux présents sur Bellevue
ont été créés ainsi.
E : « El
kid » semble être écrit pour la bande originale d'un film, l'habillage sonore est quelque chose
qui vous attire ?
MV : On aime devoir se remettre en cause et explorer de
nouveaux horizons. La musique de films offre ces possibilités. On a récemment réadapté deux de nos morceaux pour le prochain film de Filip Piskorzynski & Amélie Glenn, « Jean et Béatrice » qui sera bientôt sur les écrans.
E : Vous êtes assez adeptes de « featuring »,
comment en êtes-vous arrivé à travailler avec Jamie Lidell où Heemes ?
En général, les personnes qui travaillent avec nous viennent principalement de Montréal. C’est avant tout
des amis, on enregistre la journée, on fait la fête une fois la nuit tombée. C’est d’ailleurs ce qui s’est passé avec
Milk & Bone pour le titre « Know by Sight ».
Pour Jamie Lidell et Heems c’est un peu différent. On les a contactés
par internet et comme ils appréciaient notre musique ils ont répondu positivement.
Jamie Lidell par exemple est quelqu’un
de très indépendant et qui a un peu la même vision de la musique que nous. Quand
on lui a demandé d’enregistrer il était en pleine tournée, pourtant ça ne l’a pas dérangé, entre deux
dates, d’entrer dans le studio le plus proche pour enregistrer sa voix. Il y
a d’ailleurs une session vidéo sur ce titre (Mountains of Illusion, NDLR) qui
montre comment le morceau s’est construit et qui devrait sortir prochainement. Il y a
quelque chose de magique dans cette façon de travailler. Un jour tu reçois un
paquet cadeau et quand tu l’ouvres, à l’intérieur c’est la voix de Jamie
Lidell.
E : Vous vous
êtes attachés à sortir vos albums en suivant ce qu’on appelle les nouveaux modèles
économiques, qu’en est-il pour Bellevue ?
MV: Bellevue et les autres albums sont tous en téléchargement
libre. Malheureusement en France vous êtes un peu trop conservateur et
aujourd’hui vous êtes les seuls à ne pouvoir le télécharger en fixant le prix. Mais
soyez patients, ça devrait être possible d’ici quelques semaines.
Dernièrement, on a ajouté un petit avantage de plus qu’on a appelé
« Go star ». C’est une plateforme à laquelle tu t’abonnes
mensuellement et en contrepartie Misteur Valaire t’adresse des exclus, des
sessions live et retourne même en studio pour enregistrer quelques chansons
rien que pour toi. Récemment, à Montréal, tous les « Go Star » ont été invités
à un concert privé. On va essayer de faire la même chose dans d’autres villes et
notamment Paris.
MV : Comme on l’a dit plus tôt, le Jazz reste un de nos
premiers coup de cœur musical et c’est une chance que des festivals comme le
NJP s’intéressent à nous. Nous sommes passés en 2011 au Magic Mirror et cette
année ils nous ont grossi la scène c’est donc qu’ils nous font confiance pour
mettre l’ambiance. On a cœur de faire lever les foules et le live c’est
un peu notre force. On est 5 sur scène avec une musique moitié faite par des
instruments moitié faite par de l’électronique, je mets au défi quiconque de
rester immobile durant un de nos shows.
En live, Misteur Valaire livre la même générosité qu’on retrouve sur leurs albums. Le show a un côté très américain mais garde
précieusement ses attaches québécoises et certaines phrases très peu utilisées de
part chez nous tel que « Maintenant on veut voir danser vos cheveux »
apportent un côté exotique très appréciable. C’est énergique, sexy et lumineux jusque
sur les blousons des cinq musiciens. Il y a un côté Beastie boys sur les
morceaux hip hop, les cuivres rappellent les JB’s et la légère touche electro
apportée par les synthétiseurs font d’un concert de Misteur Valaire quelque
chose de détonnant et de terriblement addictif.
Ce soir-là un aficionados de musique techno présent à L’autre
canal m’avouera avoir été étonné par la prestation live livrée par les canadiens. Nous aussi, contrat rempli !
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