Rencontré lors de leur passage à l'autre Canal dans le cadre du festival des
Musiques Volantes, le sextet rémois le plus en vue du moment a bien voulu répondre à quelques questions.
Electrophone : La dernière fois que l’on vous a vu à Nancy c’était lors du NJP 2009 en première partie de Yuksek. Qu’avez-vous fait depuis ?
The Bewitched Hands :
On a fait pas mal de concerts. On a tourné aux Etats-Unis et en Angleterre, on vient de terminer l'album, on a signé avec une maison de disque et maintenant on commence la tournée.
E : La reprise du morceau Tonigt de Yuksek a été une belle vitrine pour vous ?
BH :
Enormément !!! C'est Yuksek qui nous a demandé de faire cette reprise pour la diffuser sur le CD promo avec 4 autres reprises. Le CD, distribué dans beaucoup de pays, a eu un énorme succès et nous a permis de rencontrer les personnes avec qui on travaille aujourd'hui. C’est aussi grâce à ce cover que les transmusicales nous ont programmé et c'est à partir de là que tout est parti.
E : Vous revenez d’une tournée au Etats-Unis et en Angleterre, comment avez vous été accueilli ?
BH :
Plutôt bien. En fait on y était allé au mois de mars pour jouer à Austin au festival South By Southwest" et sur le coup on en a profité pour jouer aussi à Chicago et New York. Puis les gens qu'on avait rencontré là bas nous on fait revenir il y a quelques semaines pour jouer à Los Angeles au festival "Oh la L.A" et à New York. Sur le coup on est passé sur des radios Américaines, on a fait des nouvelles rencontres et notre disque va bientôt sortir aux USA. Après au niveau du public, il y a forcément une appréhension quand tu vas jouer là bas mais ça c'est finalement super bien passé, à partir du moment où ta musique leur plait il s'en foute complètement que tu sois français.
En revanche, en Angleterre c'est un peu différent. C'est avant tout la patrie de la pop alors pour se faire une place c'est beaucoup plus difficile tant la concurrence est présente.
E : Votre musique prend ses racines dans la pop music anglo-saxonne. Ont-ils vu en vous une spécificité française ?
BH :
Beaucoup nous prenait pour des canadiens. L'anglais n'étant pas notre langue maternelle on a une manière un peu spéciale pour écrire qui donne sans doute une touche exotique à nos textes. Il y a forcément un point de vue différent pour un français qui écrit ses textes en Anglais qu'on ne va pas retrouver chez les anglais de naissance. Après on se sert surtout de l’anglais comme d’un instrument plutôt que pour revendiquer des choses.
E : Parlons de l’album, aviez-vous une idée précise de la couleur de Birds and Drums avant d’enregistrer vos morceaux ?
BH :
Pas spécialement. En fait on disposait d’une bonne quarantaine de chansons et on a choisi celles qui nous plaisaient le plus. En revanche on savait qu’on voulait enregistrer nous même l'album. On a un home studio à la campagne et c’est un exercice qu’on adore. On fait parti de la génération "Do it Yourself". On a pas voulu s'enfermer dans un studio professionnel pendant 2 mois avec toutes les contraintes qui vont avec.
E : Comment s'est passé l’écriture de l'album ? Vous êtes 6, quelle est la part de chacun dans l’élaboration d’un morceau ?
BH : I
l n‘existe pas de règle précise. Chacun d’entre nous peut ramener un morceau dans ses grandes lignes et après on se met tous à travailler dessus pour les arrangements. On se connait depuis longtemps, on a tous eu nos propres groupes et aujourd’hui nous mettons cette expérience à profit.
L'origine de Bewitched c'est Guillaume de The Shoes et Benjamin qui un jour ont émis l'idée de faire une sorte de Big Band Reimois où tout le monde pourrait venir jouer. Le groupe est même monté jusqu'a 11 membres avec des choristes et puis par la force des choses pas mal sont partis et aujourd'hui nous sommes 6 depuis maintenant 2 ans.
E : Quand je vous ai vu en 2009 au NJP, vous m’aviez laissé un souvenir folk, mais à l’écoute de l’album, ça sonne résolument beaucoup plus pop, quelles ont été les principales influences pour Birds and Drums ?
BH :
Le coté Folk nous colle pas mal à la peau alors qu'en fait sur scène on est plutôt electrique. Ca vient peut être du fait qu'il y a beaucoup d'harmonie dans les voies.
Concernant nos influences c'est un peu toutes celles des membres du groupe qu'on retrouve dans l'album. On ne se sent pas vraiment influencé par un groupe. C'est plutôt une quinzaine d'années d'écoutes musicales qu'on a essayé de retranscrire dans "Brids&Drums".
E : Reims est plutôt connu pour toute sa scène électro, le choix de Yuksek pour mixer l’album était volontaire ?
BH :
En fait ça s'est fait naturellement. Déjà c'est lui qui avait mixé notre cover de "Tonight" et puis c'est notre voisin alors on a pris l'habitude de bosser ensemble. D'ailleurs il avait commencé à bosser sur certains titres de l'album alors qu’on n’avait même pas fini de l'écrire. Le connaissant très bien c'était plus facile aussi de lui dire lorsqu’un arrangement nous plaisait ou non. En plus c'est quelqu'un qui a une culture musicale pop et qui ne reste pas figé à l'électro.
E : A l’ origine vous vous appeliez "The bewitched hands of the top of our heads", pourquoi avoir changé de nom ?
BH :
Au départ l’idée vient de Benjamin qui adore les noms de groupes sur trois lignes et comme on était 10 sur scène, ça collait assez bien. Mais avec tous les gens qui écorchaient le nom, qui l'écrivaient mal ou qui nous prenaient pour plusieurs groupes, c’est naturellement qu’on a commencé par nous appeler les Bewitched ou les Bewitched hands, alors on s’est fait à cette idée, mais bon la deuxième partie n'est pas perdue, on la rajoute toujours à la main sur les affiches....
Bouclons la boucle avec la chronique de l'album par
Ground Control et le tour sera joué.
The bewitched Hands - Birds&Drums - Jive Epic- 2010
En laissant ses amis rémois de The Bewitched Hands On The Top Of Our Heads libres d’interpréter son morceau Tonight, Yuksek ne s’est pas trompé, tant la reformulation fut bluffante. Un changement de patronyme et un EP plus tard, le collectif revient avec un nouvel album répondant au nom de Birds and Drums. Difficile de pleurer (Hard To Cry), lorsqu’ en ouverture de leur album inaugural, The Bewitched Hands annoncent qu’ils sont heureux d’être avec nous. Nous aussi, a-t-on envie de dire, tant on se prend une petite claque. Ensuite, on se demande s’ils sont vraiment français car leurs compositions sont tellement fournies, qu’on a l’impression qu’elles viennent d’outre atlantique. Il y a du Polyphonic Spree dans les chœurs, du Love dans les mélodies. Leur pop rock est aussi marquée par l’indie américaine des 90’s. Mais c’est surtout cette gaieté et cette insouciance communicative bercées dans un eden folk psychédélique qui marquent les treize morceaux. Plein de fraîcheur, Birds and Drums possède cette alchimie fiévreuse dont sont détenteurs les meilleurs albums de pop d’orfèvre.